Abandonner les contraintes du possible et de la logique sont les maîtres mots de l’artiste Tom Leighton. Ses paysages urbains et naturels, tantôt fluorescents, tantôt déconstruits, encouragent naturellement l’œil à entrer dans un monde imaginaire. Néanmoins, ses œuvres demeurent bien ancrées dans la réalité et nous en présentent d’autres perspectives.
Photographe, et graveur, Tom Leighton est né à Londres en 1981. Après des études à l’Université de Brighton et au Royal College of Art, il a pu exposer ses œuvres dans plusieurs galeries à Paris, Tokyo, ainsi qu’aux Etats-Unis. De fait, ses photographies uniques en leur genre lui ont permis de remporter les prix John Purcell Paper Prize et Thames &Hudson Book Prize en 2006.
« Ma photographie est très exploratoire, je ne prévois pas réellement de photoshoots », explique-t-il. « Mais j’essaie constamment de trouver des architectures et paysages urbains originaux. Ensuite, j’improvise des points de vue intéressant et j’utilise la structure des bâtiments comme trépied pour mon appareil photo. Ce type d’expérimentation amène à des perspectives non conventionnelles et, combinées à un travail digital, cela confère à mes photographies une profondeur illusoire ». En effet, Tom Leighton voyage énormément pour créer ses œuvres, dans d’anciennes cités comme dans des villes hautement modernes telles que Hong Kong. Il s’appuie tant sur des édifices et monuments iconiques que sur des zones bien moins touristiques. « De cette manière, je donne aux spectateurs une vue flottante de mon travail, comme d’une perspective élevée et presque onirique. L’objectif est de leur donner une sensation de dissociation qui les pousse à réfléchir sur la splendeur urbaine, en conflit simultané avec l’effervescence presque paranoïaque de notre société contemporaine », détaille l’artiste. Ces perspectives uniques en leur genre interrogent les spectateurs sur la manière dont nous vivons dans ces espaces urbains. Mais elles poussent également à la réflexion quant aux adaptations des populations face à l’expansion des villes et à leurs changements constants.
Néanmoins, malgré le parti pris de ses œuvres, Tom Leighton nous entraîne dans des points de vue extraordinaires et marqués par leur beauté. Il affirme d’ailleurs rechercher la Beauté en toute chose, qu’il s’agisse d’un édifice urbain comme d’un monument hautement travaillé. Son travail met l’accent sur des motifs habituellement peu remarqués et repositionne des structures existantes afin de créer un contraste entre le naturel et l’artificiel. « Dans mon travail, j’ai un contrôle total sur la construction et la torsion des espaces urbains. Je m’inquiète peu des fondements physiques et je crée des structures qui défient complètement la gravité. De plus, je fais en sorte d’utiliser plusieurs sources de lumière naturelle afin de mettre en avant le conflit entre les ombres et une luminosité très réaliste. Tout ceci me permet de concevoir des ères d’ambiguïté et, ainsi, de jouer avec le regard et l’esprit du spectateur. Ce dernier ne peut plus réellement déterminer ce qui est réel ou non, ce qui a du sens ou non. Mes photographies sont une version déconstruite et déformée de la réalité », affirme Tom Leighton.
Des déconstructions plus naturelles
Récemment, Tom Leighton s’est penché sur les paysages naturels et la possibilité de les déconstruire à sa manière. Une fois de plus, ce changement est un contraste dans son travail lui-même ; cette fois entre la puissance inhérente de la nature et sa fragilité, son impermanence constante. Cette nouvelle observation du monde qui l’entoure est, une fois de plus, un questionnement subtil de la part de l’artiste. Il met en lumière des éléments, manipule et rend abstrait certaines zones, afin de concentrer le spectateur sur des détails qu’il n’aurait peut-être pas remarqué autrement. La complexité d’une feuille, la superposition des plumes d’un oiseau en vol ou encore la puissance volcanique qui a formé des roches sur le littoral. A travers les œuvres de Leighton, ces éléments naturels deviennent à la fois inévitables pour le regard… et profondément surprenants. Comme pour les paysages urbains, ce travail porte une marque de surréalisme et d’imaginaire, qui nous entraîne au-delà du possible.
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